Les Territoires du vivant
Comment continuer d’habiter ce monde étrange, accéléré, qui préfère le jetable au durable, le virtuel au réel, la nouveauté à la pérennité ? L’architecture peut-elle encore faire sens, à l’heure où se multiplient les villes aseptisées, et où nous vivons toujours plus déconnectés des milieux qui nous accueillent ? Dans ce contexte, envisager une « réhabitation biorégionale » de la Terre se veut un geste critique et salvateur à la fois. Il y a urgence à penser une architecture et des sociétés capables de travailler avec les spécificités des environnements qui sont les leurs : en suivant par exemple la chaleur où elle se trouve et en utilisant les pièces différemment selon la saison, en envisageant une place particulière pour la technologie et les écrans afin de garder des espaces ouverts sur le milieu ambiant, en trouvant des alliances nouvelles entre végétal, ensoleillement et ventilation, en ouvrant la possibilité de partager certains lieux avec des insectes, dans le cadre de composts ou potagers domestiques... L’éthique biorégionaliste développée dans ce manifeste engagé déplace nos manières de voir le monde et ouvre des pistes radicales, pour remettre l’architecture au service du vivant et de ses territoires, et d’une société plus juste et équitable.
Mathias Rollot est architecte, docteur en architecture, enseignant-chercheur, auteur et traducteur. Il conçoit, construit et conseille dans les domaines de la réhabilitation architecturale, urbaine et territoriale. Les Territoires du vivant est son neuvième ouvrage. Après des études en architecture, Emmanuel Constant décide de se consacrer entièrement à la pratique du dessin. Les Territoires du vivant est le second livre qu’il illustre pour Mathias Rollot. Il se dédie aujourd’hui à une relecture du mythe de Sisyphe suivant l’ouvrage éponyme d’Albert Camus, recherche plastique exposée en avril dernier à Paris.